L'heure de la Star Ac'

Publié le par Petit Juju

Seul dans ma petite chambre d'étudiant, épuisé par ma journée, je décidai donc d'allumer mon téléviseur afin de combler le vide sonore de la pièce. Quelle ne fut pas ma stupeur de tomber devant le programme à succès de la 1ère chaîne: la Star Ac'.

Par curiosité, j'ai laissé défiler ces décors d'ombres et de lumières branchouilles, alternant avec les commentaires désopilants du présentateur, visiblement branché lui aussi. Branché sur le 220 V, ça c'est certain, à en voir son éloquence. Bref, mes visions d'absolu se sont confirmées quand ont débarqué les "nommés" et non "nominés", merci de réctifier....  C'est alors qu'une quinzaine d'ados "boutonneux" oserais-je dire, mais ça n'existe plus aujourd'hui, ont détalé les escaliers en sautillant de toutes leurs forces, tels des kangourous dans le désert Australien. Faut croire qu'ils sont en formes à cet âge là. 

Tous affublés de jeans moulants à l'extrème montrant leur maigreur maladive, et de pull-over (si on peut appeler encore ça comme ça) tous froissés et tordus, il souriaient de toutes leurs dents blanches tels des poupées publicitaires, prêts à vous vendre le dernier tube de dentifrice à la mode, maquillés comme des filles de joies, ça va de soi ! L'amour c'est démodé, faut être sexy, et aimer ça! 

Tous rockeurs ou rappeurs, exit la variété française, faut swinguer, balancer, booster dans les automobiles, les basses sursaturées à fond, et crier le plus possible dans les micros pour jeter la sauce dans les oreilles. Ca sent mauvais, ça sonne étrange, mais où sont passées mes douces mélodies, pourtant Céline Dion est ici, mais qu'est ce qu'elle fait au milieu d'ados en pleine crise d'adolescence ? Je pense que son cachet doit être assez important pour qu'elle ose déplacer son p'tit fessier. Mais chante nous Céline "Le fils de Superman" "Mon ami m'a quitté"... Je veux de la chanson, de la vraie, pas des trucs inaudibles, du son marteau-piqueur qui m'agresse, mais où est passé le rêve ? Où sont passées mes stars ?

J'ai au moins 15 ans de retard facile, je suis bloqué quelque part entre 1970 et 1990, je ne sais trop où, quelque part par là, entre "J'ai encore rêvé d'elle" et "Je te survivrai"... J'ai beau feuilleter les magazines ou écouter les radios d'aujourd'hui, je ne comprends plus rien, je n'aime plus ce qui se fait, ça sonne plus mélancolique, chansons d'amours, "de vents et de frissons" comme disait Claude François en 1977. J'suis paumé, largué, perdu, et je passe pour un vieux con démodé, avec mes tubes qui ne disent plus rien aux moins de 30 ans... Mais où sont mes rimes faciles, ces mélodies qui se retiennent le matin et qui nous restent la journée entière dans la tête ? Tristesse.

"On nous vend de l'espoir en sirop" disait Jean-Jacques Lafont, je pense qu'il avait raison. L'espoir et le bonheur se vendent, on  fait chanter des pseudos-stars kleenex, pour émouvoir sur commande, pleurer quand il le faut. Comme dirait Béatrice, le pauvre Guy Moquet a bien du soucis à se faire, à l'heure où la mort est partout sur nos télévisions, on préfère un Grégory Lemarchal (paix à son âme), qu'un Guy Moquet mort en 1941, qu'est ce que c'était déjà 1941, l'antiquité, les romains ??? C'est sûr qu'aujourd'hui tout s'oublie à une vitesse, l'histoire et le passé ont du souci à se faire ! C'est plus très 'In"... Dommage, comment va-t-on se souvenir des erreurs passées ? Ah quel monde...

Publié dans Chansons-Artistes

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B
Comme c'est bien dit ! Oui, elle est tellement superficielle cette télé là...  et elle engendre des sentiments factices mais tellement ostentatoires que certains y croient... C'est dramatique et heureusement qu'il nous reste nos mélodies rien qu'à nous pour nous ressourcer.
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