La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste

Publié le par Petit Juju

On dit de moi que je suis "grincheux" "plaignant" "toujours insatisfait face aux épreuves de la vie", alors que j'ai une maison, un toît, et de quoi manger chaque matin, chaque midi, et c'est heureusement vrai, pour la nourriture du moins. Et est-ce que je suis plus heureux pour autant parce que j'ai des p'tits pois dans mon assiette ? Non, non... 

Bien sûr, il y'a des gens bien plus malheureux, des gens qui subissent la pauvreté du monde, la mort, les désastres, la maladie et pourquoi seraient-ils plus malheureux que moi? Peut-on comparer des choses incomparables? 

Je suis d'une culture occidentale, petite poussière dans l'absolu d'une vie qui est toujours identique, dans un monde mécanisé, où le bonheur se vend en pilules, sous tous les ponts suicides, sous des images qui choquent ma vue, chaque soir au journal de 20 heures... Qu'est ce que vous voulez que j'y fasse. 

Ce que ces gens ne savent pas c'est que j'ai idéalisé un monde que j'ai moi-même imaginé, fait de paysages, en mers du Nord, chansons romantiques, mais tout est si tellement Terre à Terre ici bas, que finalement, la déception face à cette vie est trop importante, j'ai besoin d'être mélancolique pour être heureux.
Comme dirait Victor Hugo "La Mélancolie c'est le bonheur d'être triste", mais allez leur expliquer ce que c'est la mélancolie quand eux-mêmes ne se gênent pas pour vous sortir leurs traumatismes enfantins, leurs vies qui s'étalent dans un flot d'ombres et de fantômes. 

"Arrête de te plaindre", Plaindre de quoi ? Je devrais me réjouir du temps qui passe, de la vie qui me lasse, d'un monde que je trouve pitoyable par moments, fait de violences, de guerres, d'une époque qui ne me ressemble plus, de la nature humaine incompatible avec notre Planète et avec la vie.  Oh bien sûr, je ne suis pas atteint d'une grande maladie, mais la peur de la mort me hante chaque jour avec l'impression que je ne suis rien, tellement rien, cette angoisse éternelle de se dire qu'on est insignifiants dans un monde qui s'en fout.

Qu'est-ce qu'ils en savent ces gens là? Qu'est ce qu'ils savent de ce que je ressens ? Qu'est ce qu'ils connaissent de mes angoisses, de mes peurs, de ma poésie perdue à grands coups de Fleurs du Mal... J'aimerais bien qu'ils me disent si être souriant et être satisfait de notre vie, rend forcément heureux... Le sont-ils vraiment ? Vraiment, totalement... Ah non, j'oubliais, ces gens ont plus souffert que moi, ce qui de surcroît, leur donne le droit entier de souffrir, mais les autres non, les autres doivent être heureux, toujours sourire, ils n'ont pas autant souffert alors pourquoi ils se plaignent, hein ?  C'est vrai au fond, leurs "petites misères" ne sont rien face à l'univers, mes petites misères ne sont rien, hein, oh ben oui, si c'était si simple, tout le monde vivrait heureux et dans une plénitude absolue... Peace !

J'aimerais bien les voir ces gens là avoir ma sensibilité et mon émotivité, penser quelques minutes avec ce qui me sert de cerveau, pour comprendre ne serait-ce qu'un quart de seconde, que c'est pas parce qu'on est pas atteint du ténia qu'on n'est pas forcément toujours heureux. Mais j'aimerais dire aussi à ce genre de personnes qui pensent si bien me faire la morale, qu'il m'arrive d'être positif et de jouir de ces quelques minutes de bonheur, comme être face à l'océan, voyager au gré du vent, sentir la douce mélodie d'une chanson me carresser les oreilles. Oui, mais si ces chansons sont mélancoliques, ce sont mes gouts, et si c'est mon tempérament, qu'est ce que je peux y faire. Croyez-vous qu'on choisit sa sensibilité et sa perception du monde par un simple coup de tête grincheux ?

Voilà tout ça pour dire que je ne me plains pas face aux déboires du monde qui m'entoure, je constate l'ampleur d'une déception d'un monde que j'avais idéalisé, aux couleurs aussi fraiches et vives que ce que ce type de personne voudrait que je vois la vie. Vous voyez, j'ai un fond positif, plein de joie, mais face à l'adversité, à la réalité d'un monde monotone et mécanisé, où les sentiments n'existent plus que dans des époques passées, comment voulez-vous ne pas être déçu, déchu, dépité par ce qui m'entoure et qui finalement fait ma vie. Voyez, si vous me connaissiez ne serait-ce qu'un tout petit peu plus, (mais cela vous demanderait trop d'efforts, puisque je suis tellement dérisoire, jeune idiot plaignant tout sur son passage), vous sauriez pourquoi parfois la vie et le monde qui m'entourent me semblent pas toujours merveilleux. Mais pour cela, il faut ouvrir ses oreilles et ce n'est pas toujours donné à tout le monde.

A bon entendeur !

 

Publié dans Coup de Gueule !

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Ceux qui te disent ce que tu dois ressentir ou pas ont tort... Chaque chose dans ce monde n'existe que par le regard que l'on pose dessus, et donc est différente pour chacun de nous. Ce qui parait idéal à l'un peut être insupportable à l'autre.... Ceci dit, je pense que l'absurdité de la vie atteint son paroxysme si l'on est incapable de combatter ses démons intérieurs et de progresser vers une lumière, quelqu'elle soit... rassures toi, je la cherche toujours, et je suis surement plus vieille que toi^^
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